« Le langage structure tout de la relation inter-humaine » écrivait le psychanalyste Jacques Lacan. Depuis la nuit des temps le langage est un outil de communication formidable pour les êtres humains qui ont pu acquérir et partager des connaissances. Ainsi la langue est une structure sociale complexe, que chaque culture a transformé au fil du temps selon les rencontres et leur histoire.
Concernant le français, cette langue est apparue aux IXe siècle, n’a cessé de se métamorphosé au fil du temps pour qu’on la connaisse telle qu’elle est aujourd’hui. Chaque siècle a fait apparaitre/ disparaitre des mots, des règles et s’est façonné selon les personnes et leurs rencontres qui l’utilisent. C’est là tout le charme d’une langue vivante : elle mue en fonction des gens et de leurs idées.
Mais si nous composons le langage, le langage nous forme et nous transforme tout autant : dès le plus jeune âge, le vocabulaire et la grammaire nous influencent dans la manière de penser et de se représenter. Nous comprenons que les mots ne sont jamais neutres ; ils ont un poids, un pouvoir qui n’est pas sans conséquences dans notre relation aux autres. Malheureusement à bien des égards la langue française peut exclure ou dévaloriser les personnes en discriminant les genres de ces dites-personnes :
Dans un premier temps, le masculin l’emporte toujours sur le féminin dans la structure de la phrase comme nous l’avons appris sur les bancs de l’école : par exemple, les garçons et les filles sont gentils. On peut même enlever la présence féminine de cette phrase en utilisant le pronom masculin « ils sont gentils » rendant le genre féminin invisible et de ce fait toute une partie de la population. Une inégalité est flagrante dans notre langue que ce soit dans l’utilisation de la grammaire ou dans le vocabulaire. Ainsi vous conviendrez qu’un homme publique n’a pas la même connotation qu’une femme publique ; ou encore « un aventurier » ou « une aventurière ». Le changement de genre peut apporter un sens totalement différent dans la phrase.
Dans un second temps, la langue française ne se contente pas d’être inégale vis-à-vis des deux genres masculin et féminin, elle est aussi très pauvre car ces deux genres ne représentent qu’une partie de la population : en effet les personnes non-binaires- qui ne se reconnaissent ni dans le genre masculin ou féminin peuvent être totalement exclues de notre langue.
C’est très beau de pointer les défauts, mais que faire me diriez- vous ?
Eh bien comme je l’ai mentionné plus haut la langue se réforme. Beaucoup de personnes insistent sur un langage épicène, c’est-à-dire un langage qui gommerait les inégalités de genres dans notre langue. En adoptant un adjectif neutre ou en féminisant notre langue, en ajoutant les pronoms féminins/masculins dans chacune des phrases et en les accordant. Par exemple ils/elles sont gentil.les
La règle de la proximité semble la plus juste : lorsque les noms de genre différents s’accorderaient avec l’adjectif le plus proche, par exemple si on reprend la phrase précédente les garçons et les filles sont gentilles puisque que le genre féminin est le plus proche.
Bref des solutions existent déjà : seulement nous avons peur de toucher à la structure poussiéreuse de l’Académie Française dont certain.e.s crient au scandale pour oser remettre en cause une doctrine au nom de la tradition. Mais pourtant les outragé.e.s ne doivent pas oublier que la règle de la proximité a règlementé notre langue des siècles durant comme l’atteste les textes médiévaux dès le XIIe siècle et s’est poursuivie chez certain.e.s auteur.e.s jusqu’aux XVIIIe siècle.
Alors si le langage reflète la société, pourquoi la société ne veillerait pas à faire tomber les règles archaïques et sexistes pour que chacun.e.s soit représenté.e.s dans notre communication quotidienne et puissent manier les mots qui nous rendent semblables et égaux.