Etre un homme qui prend soin de lui – David

Etre un homme qui prend soin de lui – David

mai 2017 --- Catégorie : LGBTQ + H

logo de l'association. Cinqs cuillères aux couleurs de l'arc en ciel, rangé de manière circulaire

La semaine dernière, je me suis payé une manucure… Jusque là, rien de très extraordinaire sauf que je me suis rendu compte à quel point je ne rentrais pas dans la case de la masculinité type et des stéréotypes qui vont avec.

Avant ma transition, le bien-être et le prendre soin de soi étaient deux principes qui m’étaient inconnu. C’est logique, pourquoi prendre soin d’un corps qui ne me correspond pas et qui me rend malheureux ?

Au début de ma transition, je me suis posé une question essentielle :

Quel genre d’homme veux-tu être ?

Il y avait cet idéal du grand brun ténébreux qui ne montre pas ses émotions et qui va à la salle de sport quatre fois par semaine pour sculpter son corps d’apollon et il y avait la réalité…

Je ne suis ni grand, ni brun et j’aime beaucoup trop les gens pour être mystérieux. Et oui, je fais partie de ces personnes qui pleurent devant Le Roi Lion ou un film romantique et je communique sur mes émotions. Le sport et moi, on est pas vraiment amis et j’ai du mal à refuser un éclair au café. Je suis donc très loin de mon idéal et des stéréotypes et ce n’est pas grave car transitioner n’allait pas changer ni mes goûts ni qui je suis au fond.

Puis, il y a eu les changements physiques dû aux hormones (barbe, voix, répartition des graisses…) et la mastectomie ce qui a soulevé une autre question majeure:

Comment veux-tu traiter ce nouveau corps ?

Et là, on revient à la manucure de la semaine dernière. Aujourd’hui, j’ai atteint une sorte de stabilité physique, je ne compte plus subir d’intervention en rapport avec la transition (je te parlerai peut-être un jour de mon statut d’homme sans pénis) et les changements provoqués par les hormones n’évolueront plus.

Cette stabilité me permet de prendre le temps d’apprécier les changements et d’être heureux de mon image dans la glace. Ce bonheur crée chez moi l’envie de prendre soin de ce corps que j’ai obtenu après tant de batailles sans compter le handicap. J’ai estimé qu’après tout ce par quoi mon corps était passé pour me correspondre, il avait le droit d’être bichonné.

J’ai commencé par aller chez le coiffeur plus régulièrement ce qui m’a permis d’apprendre à prendre du temps pour moi et pour mon bien-être physique.

Ensuite, avec ma barbe est venue l’envie d’entretenir ma peau, j’ai donc commencé à acheter des produits, à avoir un rituel beauté quotidien.

Pour continuer sur cette lancée, j’ai décidé d’arrêter de me ronger les ongles et de prendre soin de mes mains, de mettre de la crème et de faire des manucures.

Et enfin, j’ai voulu perdre du poids pour me sentir mieux et pouvoir me déplacer plus facilement mais pas de salle de sport ou de régime à la mode pour finir taillé en V, j’ai conscience que je ne serais jamais mince et ce côté un peu rond me va très bien.

En conclusion, la masculinité n’est qu’une construction sociale et on peut être un homme bien dans ses baskets en étant petit, rond et émotif.


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