La fatigue physique – David

La fatigue physique – David

mai 2017 --- Catégorie : LGBTQ + H

logo de l'association. Cinqs cuillères aux couleurs de l'arc en ciel, rangé de manière circulaire

Je suis désolé du retard mais ce qui l’a causé fera sûrement l’objet d’un autre article : la fatigue morale.

Je suis fatigué. Trois mots et tellement plus derrière, un ressenti, une sensation et en face, une interprétation. C’est pas simple de t’écrire à ce sujet parce que je vais devoir mettre en mots des sensations et être très vigilant sur comment tu vas recevoir ces mots.

De par ma pathologie, je suis fatigable : “Sujet à la fatigue, peu résistant.” D’après le Larousse.

On est pas plus avancé…. Disons que je me fatigue plus et plus vite et qu’il me faut plus longtemps pour récupérer. Sauf qu’il s’agit d’une comparaison et que chaque personne a un rapport différent à la fatigue. Tu vas comparer par rapport à ta notion de fatigue qui n’est pas la même que celle du voisin.

Ce que je cherche à te faire comprendre ici c’est que pour une personne malade ou handicapée, être fatiguée ne veut pas juste dire devoir faire une sieste ou se coucher plus tôt, ça peut aussi vouloir dire être vidée.

Je vais te donner mon exemple car c’est celui que je connais le mieux. Il y a des jours où m’habiller le matin va me fatiguer pour la journée mais je vais réussir à faire ce que j’ai de prévu tout en ayant cette fatigue en arrière-plan. D’autres jours, en rentrant des cours je vais être éteint et plus capable de rien. C’est un peu comme la jauge d’énergie d’un personnage de jeux vidéo sauf que la mienne se vide pour un rien et le sommeil n’est pas toujours réparateur. En effet, à certains moments la jauge est tellement vide que même le lendemain après une nuit de 8h mon corps est toujours fatigué.

J’ai découvert grâce à Margot de la chaîne Vivre Avec, la Théorie des Cuillères qui permet d’illustrer le coût de l’effort. Voici donc la vidéo :



Je vais te donner ma journée type en terme de cuillères. Partons sur dix culières au réveil :

Me préparer (douche – habillage – petit déjeuner) : 1 cuillère

Trajet sur Paris : 2 cuillères

Rendez-vous – Cours : 2 cuillères

Trajet Retour : 3 cuillères

Repas + vaisselle + m’occuper du chat : 1 cuillère

Un peu de ménage : 1 cuillère

Cela nous fait donc arriver à nos 10 culières en stock. Pour le reste, je fais le choix de creuser dans la réserve quitte à risquer une grosse fatigue ou des douleurs les jours suivants.

C’est donc là qu’interviennent les choix, ne pas faire le ménage et demander à un tiers pour mettre cette cuillère ailleurs ou reporter la vaisselle les jours où c’est vraiment compliqué de rester debout et utiliser cette cuillère pour écrire un article, par exemple. Sauf que cuillères ou pas, si je décide d’aller en soirée jusqu’à 3h du matin ou d’accepter un entretien à 2h de trajet, je vais le faire et avec une véritable envie et un réel plaisir sans penser aux conséquences. Il peut m’arriver de forcer pendant des semaines sans discontinuer parce que j’ai des impératifs et une vie sociale pour lesquels je décide volontairement les signaux envoyés par mon corps.

Après tout ça, il faut que j’assume les conséquences de mes actes. D’une part, les conséquences immédiates après une journée chargée qui vont se traduire par une crise de douleurs intenses d’un ou plusieurs jours et qui me limiteront au nombre de pas minimum dans mon appartement. D’autre part, il y a les conséquences à retardement comme après une période d’efforts soutenus dans la durée comme une période de partiels. Une fois la pression redescendue, le corps lâche et j’attrape une angine ou autre qui me clouera au lit pour deux semaines.

Dans tous les cas, mon corps aura décidé que je le veuille ou non qu’il est temps de me reposer et ne me laissera pas le choix.


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