La sexualité en France est un sujet qui n’est pas tabou du moins pourrait-on le croire, car si les médias et les magazines féminins nous offrent des conseils à tout vas, pour avoir la sexualité –hétérosexuelle-la plus épanouie possible parait-il, il reste encore des zones d’ombre à ce sujet, dont les personnes en situation de handicap font partie. Voici une anecdote qui m’est arrivée pour illustrer mes propos :
C’était durant mes premières années de collège. J’avais rendez-vous avec une infirmière pour une visite médicale. J’avais entendu par les autres élèves que l’infirmière commençait à informer sur la sexualité et les MST. Je me suis donc attendue, moi aussi à avoir droit à ce discours : que nenni. Durant l’entretien, elle s’est contentée de me parler de mon handicap, et des aménagements auxquels j’avais droit. A la fin de la visite, j’avouais –en bafouant- vouloir des renseignements à propos de la sexualité. L’infirmière m’a alors regardé avec pitié et m’a déclaré : « je veux bien, mais je ne suis pas sure que ça te servirai à grand-chose » en fixant ma jambe.
BAM ! J’ai reçu sa phrase comme un coup, et je suis sortie de là, avec la honte aux tripes. Grosso modo on m’a fait comprendre que j’avais de grandes probabilités de passer ma vie seule sans contact humain. Youpi !!
Maintenant j’en ris presque, parce que je sais à quel point elle a pu se tromper. Mais est-ce vraiment étonnant ? Aujourd’hui encore dans les formations pour les personnes travaillant dans le milieu du handicap le sujet est renié ou alors abordé de façon brève et caricaturale. Le comportement abruti certes, de l’infirmière n’est que le reflet de ce qu’on lui a enseigné : cet enseignement qui a eu pour conséquence de laisser une ado dans l’ignorance sur la sexualité.
Vous me direz qu’à présent, cela a évolué : nous commençons à parler des accompagnants sexuels. Certes, c’est une façon d’aborder et de lever ce tabou. Mais cela ne touche qu’une partie des personnes, il serait bien avant tout déjà d’informer les personnes en situation de handicap sur la sexualité en général. Comme sur les précautions à prendre, les MST, les moyens de contraceptions…
Et tout simplement leur apprendre que leurs corps, leurs appartiennent ET QU’ILS PEUVENT EN FAIRE CE QU’ILS VEULENT. Bref les bases. Commençons donc par aller du point A au point B -le respect de son corps et l’enseignement- avant d’aller au point X -l’accompagnant sexuel- qui sous-entend que la pratique du sexe ne pourrait pas avoir lieu lors d’une rencontre amoureuse ou spontanée.
Alors oui , une personne handicapée n’est ni un petit ange née du saint esprit (j’ai vérifié) , ni un extraterrestre venu de la planète Mars, mais bel est bien un être humain et comme certains de ses congénères, il peut éprouver du désir sexuel, et veut l’assouvir que ce soit dans une relation sérieuse ou non. Ce constat me semble simple et clair et pourtant dans la réalité, la société n’a pas fini de le rendre épineux.