Rendez-vous de banque, ou le syndrome de « vous-les-handicapés » – Marie

Rendez-vous de banque, ou le syndrome de « vous-les-handicapés » – Marie

février 2017 --- Catégorie : LGBTQ + H

logo de l'association. Cinqs cuillères aux couleurs de l'arc en ciel, rangé de manière circulaire

Récemment, j’ai rendez-vous avec une banquière. Il n’y a rien de particulier à cette visite, juste une présentation de ma situation et de mes comptes. (Oh joie !). Mais au final l’entrevue se passe tranquillement, jusqu’à qu’elle me fasse cette remarque lorsque j’exprime le désir mettre un peu d’argent de côté :

«Vous essayez d’être prévoyante, c’est bien ! Parce que j’ai un autre client handicapé, il le comprend pas » le ton était aimable, et elle voulait visiblement me complimenter ; compliment qui est tombé à l’eau (mais alors dans de l’eau abyssale au fond de l’océan).

D’accord…. Mais qu’est-ce qu’il a à voir avec moi ? Je ne connais pas ce client (appelons le Jean-Michel) ni d’Eve, ni d’Adam, nous sommes sans doute dans une situation de vie différente. En plus, il y a fort à parier que Jean-Mich, et moi n’avons pas du tout le même handicap. Alors pourquoi comparer deux situations qui n’ont rien à voir ? Autant comparer un chien ,un oiseau, ou une moule avec une courgette ! (ni voyez pas de connotation sexuelle) Ah, mais bien sûr ! La conseillère a succombé au syndrome « vous-les-handicapés » :

Comment reconnaître ce syndrome, me demanderiez-vous ? Rien de plus facile ! il suffit d’oublier que la personne en face de vous est un être humain avec des aspirations, un caractère particulier, une vie personnelle, bref une personne à part entière, pour la réduire qu’à son statut handicapé. A partir de là, tu la ranges dans la case HANDICAPE et tu lui colles tous les stéréotypes possibles et imaginables qu’ils puissent exister : les personnes en situation de handicap sont dépendantes, sont comme des enfants, ne savent pas s’occuper d’elles, se déplacent forcément en fauteuil, etc.…

Ce comportement est banal ; nous cherchons toujours à rentrer nos congénères dans des cases exiguës ; pour exemple prenons la case « VOUS-LES-FEMMES » avec le stéréotype que toute assignée femme est accro au shopping et adore le rose –c’est évident-.

Simplement pour montrer l’absurdité de cette attitude je citerai quelques chiffres : selon l’INSEE il y a environ 24,6 % de la population française atteinte d’un handicap, soit 12 millions d’individus. Enorme, non ? Imaginez-vous vraiment rentrer 12 millions de personnes et leurs situations personnelles dans une case ? Autant vouloir ranger le système solaire dans une boite à chaussures !

Alors non les handicapés, en France ne sont pas une entité à part dans la population (les 12 millions de personnes ne forment pas une communauté secrète avec des rites d’initiations, rassurez-vous). Car les personnes en situation de handicap représentent tout simplement la population française aussi riche et diversifié qu’elle soit.

Merci de s’en rappeler.


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