Aujourd’hui j’aimerai vous donner quelques notions historiques à propos du handicap. Pour moi, l’histoire permet d’éclairer et de comprendre notre approche sur tel ou tel sujet. Si je déplore que le sujet semble encore timidement étudié par les historiens, la place de la personne handicapée intéresse de plus en plus. J’aimerai partager quelques notions ( il y aurait de quoi faire des encyclopédies entières tellement le sujet est vaste).
Dans la Grèce antique la dégénérescence corps était perçue avec méfiance car pour eux, elle s’accompagnait d’une dégénérescence de l’âme. Ainsi si le corps est instable, l’individu le sera aussi.
On retrouve cette pensée notamment dans leur mythologie à travers le mythe d’Œdipe : celui-ci venait de la famille royale de Thèbes, les Labdacides, du nom de Labdacos signifiant le boiteux qui fondit cette lignée. Et il est vrai que les membres de cette famille se montrèrent « dérangés ». Ainsi Laïos père d’Œdipe, chassé de Thèbes devient précepteur du jeune Chrysippe fils du roi Pélops. Bientôt, épris de son élève il l’enleva. Le jeune garçon honteux se donna la mort et le roi Pélops accablé lança sur lui la malédiction d’Apollon selon laquelle son fils le tuera et épousera sa mère, et on sait que la malédiction s’accomplit…
Il faut savoir que les membres de cette famille était frappée d’une caractéristique physique (le boitement) pour prouver l’instabilité de la lignée : du grand-père Labdacos le petit fils Œdipe avaient une démarche claudicante. D’ailleurs Œdipe signifie pied enflé nom qui lui était octroyé à cause de son père qui ordonna qu’on transperce les chevilles du nourrisson, afin qu’il se fasse dévorer par les loups… bref cette joyeuse histoire démontre que pour les grecs le handicap physique était vu avec méfiance.
Une méfiance qu’on retrouve par ailleurs dès le haut-moyen âge : Grégoire de Tours exprime sa répulsion envers les corps difformes laissés par la nature. Cependant les recherches archéologiques de ces dernières années tendent à prouver que les invalides étaient toutefois intégrés au sein de leur communauté, puisque les sépultures de ces personnes étaient enterrées avec les autres membres de leurs familles et du village avec leurs prothèses et leurs cannes, montrent une certaine acceptation.
A la renaissance, les indigents, avec les mendiants ont été peu à peu enfermés dans les hospices allant jusqu’ à l’édit d’enfermement de 1656 qui confina mendiants, invalides, vagabonds à l’hôpital général afin d’accomplir des travaux. L’enfermement des personnes en situation de handicap dura jusqu’aux XXe, poussé par les hygiénistes qui préconisaient l’isolement des invalides à l’écart des villes afin de garantir au citoyen bien portant, une ville saine.
Encore aujourd’hui les villes occidentales ont beaucoup de mal à inclure les personnes en situation de handicap après des siècles de mises à l’écart….
Pour en savoir un peu plus :
DELATTRE Valérie, Décrypter la différence : lecture archéologique et historique de la place des personnes handicapées dans les communautés passé, Paris, édition CQFD, 2010