Il y a quelques temps, l’hashtag balancetonporc était lancé et enfin la parole de beaucoup de femmes était libérée sur le sujet sensible du harcèlement sexuel au travail. Et puis depuis plusieurs jours un groupe de femme (chercheuses, artistes, comédiennes dont Catherine Deneuve ou encore Brigitte Lahaie) ont protesté en mettant en avant « le droit d’importuner » selon elles.
En effet selon ces signataires, ce mouvement a été formé par un féminisme qui « prend le visage d’une haine des hommes et de la sexualité », et dénonce le puritanisme de ces actions et « les délégations » (c’est leurs termes) que subissent les hommes accusés. Voilà le gros de l’affaire…
Vous savez il y a certaines choses auxquelles il ne faut pas répondre, car ce serait leur faire de la publicité et des débats stériles. D’autres combats au contraire, doivent être défendus avec ardeur, surtout que la parole des femmes reste encore trop fragile, trop peu entendue parfois qu’il faut la défendre.
Déjà intéressons-nous sur le fait que ce mouvement a été lancé par des féministes haineuses à l’encontre des hommes :
Il est nécessaire de rappeler que ce mouvement débuté en octobre 2017 n’a été pas lancé et entretenu par un petit groupe de féministes (ah, les stéréotypes de harpies féministes aujourd’hui se portent toujours aussi bien qu’au début du XXème siècle). Mais par des milliers de femmes qui ont pu témoigner sur ce qu’elles vivaient. D’ailleurs le mouvement a été soutenu non seulement par la population féminine mais aussi par des hommes, artistes, célébrités ou juste inconnus qui souhaitent en finir aussi avec ce genre de comportement. Donc encore une fois le fait de dénoncer le féminisme comme la seule affaire de femmes aigries qui sont contre les hommes est d’une belle idiotie.
Et surtout je tiens à souligner que si le mouvement a connu une ampleur internationale, c’est qu’il a dénoncé une inégalité sociale latente de notre société, normalisée au sein de celle-ci : il ne désigne pas une personne en particulier, mais un comportement en général. Donc non aucune vendetta féministe n’est à déplorer.
Maintenant sur le fond de cette missive : les signataires s’insurgent ici que le mouvement serait à l’encontre de la liberté sexuelle puisque on empêcherait « l’indispensable droit d’importuner » des hommes. Ainsi selon leur logique, une femme « peut veiller à ce que son salaire soit égal à celui d’un homme, mais ne pas se sentir traumatisée à jamais par un frotteur dans le métro, même si cela est considéré comme un délit. Elle peut même l’envisager comme l’expression d’une grande misère sexuelle, voire comme un non-événement ».
D’accord donc ici ces femmes déclarent de façon concrète que si une d’entre elles se fait agresser-car oui ce genre d’évènement est une agression même si on cherche à la minimiser -elles devront tout simplement se taire et même prendre en pitié leur agresseur à cause de sa misère sexuelle ? On place ici la femme en créature soumise à l’homme, totalement passive qui n’a qu’à ouvrir ses jambes. Donc son propre corps ne lui appartient pas mais par contre, un simple individu a le droit d’en prendre possession sous prétexte de la draguer. Quant à l’homme pour le coup puisqu’on lui octroie le droit d’importuner celle qu’il veut, on retourne au mythe de l’homme des cavernes qui ne sait pas gérer ces pulsions sexuelles. Ce n’est guère glorieux pour les différents partis, n’est-ce pas ?
Maintenant parlons de ce soi-disant « puritanisme », le puritanisme est d’abord une notion religieuse refus des plaisirs-notamment sexuelle. Dans le cas qui nous occupe le mouvement balancetonporc, n’a pas été puritain car il n’a pas condamné les plaisirs de la chair ; au contraire, il a finalement exposé que les individus féminins et masculins avaient la liberté sexuelle et que l’un ne devait pas l’emporter sur l’autre, et a tout simplement expliqué que les femmes ne soient plus vues comme des morceaux de viande. Ce que demande le mouvement, le droit de disposer librement de son corps est donc tout simplement, l’un des premiers droits fondamentaux d’un être humain qui le différencie d’un objet, d’un animal ou d’un esclave.
D’ailleurs puis-je remarquer que le viol telle que la loi le condamne aujourd’hui n’a cessé d’évoluer depuis ces trente dernières années pour qu’enfin on déculpabilise la parole des femmes, qu’on considère qu’il existe plusieurs viols possibles que ce soit le viol entre hommes, le viol vis-à-vis des enfants ou encore depuis peu qu’on reconnaisse le viol entre époux. Et que cette évolution a été permise grâce à des mouvements comme celui-ci (pensons au procès de Bobigny en 1972 par exemple.) et il ne me semble pas que ces mouvements ont été particulièrement puritains…
Pour finir je m’arrêterai sur le mot délation : la délation si l’on croit la définition du petit Larousse une dénonciation intéressée, méprisable, inspirée par la vengeance, la jalousie ou la cupidité. Donc si on suit ce raisonnement le mouvement a fait des accusations à tort et à travers sans fondement s’acharnant sur des pauvres innocents. Pourtant si l’on suit l’affaire Weinstein, les blâmes des actrices ont été corroborées ; certains hashtags sur twitter ne donnaient pas forcément le nom de leur harceleur histoire de ne pas le trainer dans la boue. Non parfois leur témoignage s’exprimait pour juste un témoignage anonyme à la fois pour l’agressée et l’agresseur juste afin de libérer une parole longtemps ravalée, blâmée, honteuse. Le silence est toujours un blâme pour l’agressé(é) et un confort pour l’agresseur.
En conclusion de ce laïus, ce papier est l’apologie parfaite de la culture du viol, en méprisant la parole des femmes et en simplifiant le comportement des hommes. J’espère que cela ne freinera pas cet élan de liberté et de lutte contre le harcèlement sexuel de façon général.
Et pour finir je terminerai sur une citation de Françoise Héritier :
« Le mal commence avec l’indifférence et la résignation. »