Aujourd’hui je dédie cet article à celui qui m’a prise pour un buffet froid ce jeudi après-midi en fin de journée dans les rames du RER A. Toi qui m’as d’abord abordée pour un renseignement sur la ligne que je t’ai donné, en t’indiquant que tu t’étais trompé de sens. Discussion finie, aurevoir Monsieur.
Mais visiblement tu n’en avais pas terminé : voici que tu m’abordes avec plus d’ardeur avec des « compliments » et que tu me demandes mon numéro. Avec un mot magique de la langue français en trois lettres désignant la négation-NON- je refuse et m’attends que cela clos notre entretien. Mais suis-je bête, un buffet froid, une poupée, bref un objet inanimé (ce que je suis clairement pour toi) n’a pas d’avis sur la question et donc ne peut pas refuser ton offre. Alors tu deviens plus agressif, en décidant de me suivre alors que visiblement ta destination est dans le sens inverse…
Qu’importe tu as l’air de n’avoir que ça à faire de suivre des inconnu(e)s dans le RER ce jeudi. Je n’ai qu’une station mais elle me parait bien longue avec toi qui me fixes, me déshabillant du regard-mais j’oublie encore une fois que mes impressions sur mon propre corps sont vraiment pas importante, hein- et puis tu continues à me suivre jusqu’à la sortie de la gare, en te mettant juste derrière moi dans les escalators, histoire que je ne t’oublie pas ( il est vrai qu’à ta décharge une poupée en plastique a une mauvaise mémoire).
Et puis arrivée en haut des marches, je sais que tu risques de me suivre jusqu’à ma destination et je me confronte à toi avec plus de force, ma main crispée sur ma béquille en pensant que je vais devoir peut-être l’utiliser afin de me défendre. Heureusement ça ne sera pas le cas : devant ma menace d’appeler les flics tu renonces en repartant vers le RER, non sans auparavant m’avoir complimenté par un joli « sale pute ».
Voilà le récit de notre rencontre mon cher. Honnêtement, je pourrais considérer que ça serai te donner trop d’importance d’écrire un article à ton propos si je savais que cette situation ne se répéterai pas. Or, je sais que celle-ci est trop banale, comme beaucoup de personnes je l’ai déjà vécu, malheureusement la vivrai encore.
Toi ou d’autres reproduiront encore et encore le même schéma de domination avec d’autres gens : il s’agit du harcèlement de rue.
Et oui c’est du harcèlement et non de la drague ce que tu as fait : parce que tu vois la drague, ça se joue à deux avec le consentement des parties intéressées. Toi, tu m’as juste déshumanisée, humiliée en me traitant comme un truc, une chose que tu désirais, et non pas comme une personne à part entière avec des idées propres. Selon toi, tu m’as fait comprendre que non, je ne pouvais pas me sentir libre de me promener dans l’espace public sans qu’on me prenne pour un sex-toy sur pattes. Merci, tu as éclairé ma journée !!
Aujourd’hui 100% des femmes avouent avoir connu cette situation dans l’espace public, car non le harcèlement de rue ne s’arrête pas aux soi disant« canons de beauté »,comme certains l’affirment. Ce harcèlement est une attitude certes sexiste, mais aussi homophobe, transphobe, raciste, grossophobe et j’en passe…
Alors inutile de dire que toi et les autres qui cultivent ce harcèlement en le pratiquant et/ou en niant son existence, vous polluez l’air de nombreuses personnes par vos réflexions, donc le seul moyen de vous arrêter et de ne plus passer sous silence ce comportement et de le dénoncer.
C’est pourquoi je te dédie donc cet article à toi cher harceleur et j’y ajouterai un conseil: la prochaine fois lorsque tu rencontras un(e) possible harcelé(e) connectes tes neurones et passes ton chemin.