Comme des millions de personnes, je prends les transports en commun très souvent, et j’ai pu alors remarquer qu’à cette occasion je développe une capacité hors du commun : je deviens invisible.
Bon, me diriez-vous il n’y a rien d’exceptionnel à ça : il est vrai que l’ambiance des transports fait que chaque individu devient une espèce de forme grise se fondant dans une marée humaine. Jusque-là rien de particulier. Sauf que mon invisibilité totale commence à un moment très précis lorsque je cherche une place assise dans le RER en période de pointe. Je monte dans le wagon, j’ai le droit à quelques regards dus à ma marche et ma béquille, mais dès que je cherche des yeux une place pour m’asseoir ; c’est là que le miracle se produit : je deviens invisible.
Que pensent les gens à ce moment précis, je me le demande :
Je t’observe, sur toutes les coutures pour savoir ce que tu as (un jeu très répandu) et quand tu me regardes hop, là je détourne les yeux, car je suis brusquement intéressé par le paysage à travers la fenêtre (oh ! un immeuble c’est rare, surtout en région parisienne !)
Il y a aussi parfois des variantes de ce comportement, au lieu de s’intéresser aux paysages, on se fascine pour les murs du RER : oui car blanc cassé est apparemment une couleur hypnotique.
Evidemment, je peux sortir la carte magique (aussi appelé la carte d’invalidité) pour reprendre des couleurs aux yeux des voyageurs, mais voilà, il est 19Heures, et comme tout le monde j’en ai plein les pompes (et la béquille) de ma journée et je ne souhaite pas me bagarrer avec les autres voyageurs afin de m’asseoir sur le trône tant convoité (et couvert graffiti).
Car on m’a déjà reproché de pouvoir « simuler mon handicap »
Oui sait-on jamais, la rouquine en face de vous est peut-être la future Isabelle Adjani !
En tout cas, je me demande quand Hollywood va m’appeler ; parce qu’avec cette capacité je suis sûre que je pourrai jouer la nouvelle femme invisible (et le costume moulant m’irait si bien)…