Cette semaine c’était la journée des droits des femmes (et non la journée de la femme, par pitié). Comme toujours les médias se sont intéressés à des sujets concernant l’égalité des sexes, nous avons pu assister à de superbes initiatives sur le 8 mars que ce soit des expositions, des groupes de parole ou encore des manifestations sur le harcèlement sexuel (de rue ou de travail), les violences conjugales, l’égalité des salaires… . Bref, des évènements top et qui permettent d’avoir de la visibilité sur des sujets trop peu exploités-hélas-.
Mais à coté de cela, il y a aussi une très belle parodie de cette journée organisée par les magasins qui en profitent pour pousser un peu plus au consumérisme : ainsi pour la journée de la femme, mesdames, profitez de -25 % sur l’électroménager ! (Nous sommes des petites chanceuses, hein…).
Donc cette année j’ai décidé de revenir sur l’histoire de cette journée afin de ne pas oublier que ce n’est pas seulement pour avoir une paire de chaussures à moitié prix.
Commençons en 1910, durant la IIe Conférence Internationale des femmes socialistes Clara Zetklin et Alexandra Kollotai font voter une journée internationale des femmes : cette proposition n’a pas pour vocation de rassembler les femmes dans un seul mouvement mais plutôt d’inclure le féminisme au sein de la lutte des classes en contrecarrant « un féminisme bourgeois » à travers cette journée internationale.
Cette journée est célébrée dès 1911 ; or cette même année le 25 mai, un immense incendie dans un atelier textile clandestin provoqua la mort de 146 personnes et 71 bléssé.e.s. La plupart des victimes de ce carnage étaient des jeunes femmes immigrées, sous-payées qui sont mortes en quelques minutes dû à l’infrastructure insalubre. Cette catastrophe est perçue par certain.e.s comme un symbole majeur dans la création de cette journée internationales des droits des femmes.
Rapidement les années suivantes les réunions socialistes s’organisent afin de commémorer cette journée : durant celles-ci on parle du droit des travailleuses, de l’éducation, mais aussi de sujet bien plus large comme le pacifisme. Le 8 mars 1917, les femmes russes font la grève afin de demander la paix et une meilleure condition de vie. Cette date sera reprise au début des années 20, par le parti communisme, afin de célébrer « la femme socialiste et son émancipation. »
A la fin des années 60, début des années 70, la journée de la femme se détache peu à peu de la pensée communiste pour toucher un public plus large durant la seconde vague du féminisme.
Le 8 mars 1977, l’ONU deux ans après la conférence de Mexico prévoyant l’élimination des discriminations vis-à-vis des femmes, adopte la résolution d’en faire la journée des droits des femmes. Ce n’est qu’en 1982, en France avec le tout jeune ministère des droits de la femme crée en 1981 avec Yvette Roudy que le 8 mars devient officiellement la journée des droits de la femme.
Au travers de l’histoire on peut se rendre compte que la journée des droits des femmes a évolué : d’abord en voulant associer les revendications des travailleuses au sein du mouvement socialiste, il s’est transformé au fil des années suivant les revendications demandées : le droit aux travail, droit de vote, puis le droit d’IVG, ou encore contre l’excision, le mariage forcé…. Finalement, cette journée depuis plus de 100 ans a été le reflet des bouleversements des sociétés, des prises de consciences et de parole de la part de million de personnes parfois ignorées ou ostracisées des sociétés afin que l’égalité des sexes ne soit plus une douce utopie.
Tout un symbole donc, qui ne peut pas être terni par un marketing opportuniste.